[Candidature, Acceptée ] Selenae.

Les yeux dorés rivés sur l'étendue de sable, elle ne se souvenait déjà plus à quand remontait cette dernière phrase de sa mère :

- Attachez le! Je veux entendre sa chair se déchirer.

Seuls les rythmes sourds des chants Aquiloniens lui revenaient en tête, comme une migraine. Ils avaient décidé de passer à l'offensive. Ses prières avaient eu tant de force dans ces heures là, elle y avait mis toute son âme, toute sa volonté d'enfant, cachée dans un vieux temple, protégée. Combien étaient morts parmi eux ? Et parmi les siens ? Combien d'enfants, d'adultes ? Combien de prêtres ou gardiens aux teints pâles ne verraient pas demain ? Pas assez. Jamais assez !

Vision fugace des corps grossièrement enlacés sur le sable blanc. Et son papa. Son cher papa. Elle le croyait invincible, si fort, comme la Terre. Elle s'imaginait que son rire résonnerait toujours sur les dunes, que ses dents blanches feraient toujours comme un éclat de lumière, contrastant avec sa peau d'ébène, que ses yeux sombres la regarderaient toujours aussi sévèrement quand elle n'arriverait pas à s’entrainer correctement. Elle était si fière de porter ce signe signifiant Xotli, comme le sien ! Si fière d'être vue près de lui, l'éternel étranger, dans le campement.

Elle n'avait pas retrouvé sa mère dans tout ce carnage. Le désert aurait pu créer un oasis rouge tellement la bataille avait été rude. Elle avait contemplé attentivement chaque mort, chaque peau dorée, chaque tignasse, chaque membre épars. Rien.

La nuit contre le corps tiède de son père mort, à même le sable, leur protecteur. Sentant couler sur son dos le sang purificateur de celui qui lui avait permis de vivre. Et cette Douleur au fond de la poitrine. Une crevasse, un abime. Cette Douleur qui l'avait menée seule vers Stygia, cette Douleur qui l'avait menée seule à Khemi, toujours cette Douleur qui la porterait face à de nombreux combats, seule. Et cette Haine qui permet à une fillette de tout juste six ans de survivre et de se battre comme un chaton qu'on tenterait de noyer.

La sécheresse de ses lèvres et l'air brûlant sur son visage pour la ramener à la réalité. Encore une fois, pas une larme sur les joues creusées. Se relever et avancer. Pour Xotli, pour que le sang qui a rougi sa peau ait coulé pour Sa Gloire, pour ses parents. Pour vivre et accomplir une promesse.

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Cette jeune femme, maintenant adulte, vint à la rencontre de l'homme près du feu. Reconnaissant le sang des serviteurs du dieu Xotli, elle lui proposa ses services au sein du groupe.

- J'attend votre réponse....

[

Un éclat de lumière parmi les ombres, une flamme jaillie des ténèbres...

- Le jour est enfin venu, vous nous avez été envoyée...